L’hypochondrie est un trouble anxieux fortement développé (13% de la population), C’est un syndrome caractérisé par une peur et anxiété excessives et bouleversantes concernant la santé et le bon fonctionnement du corps d’un individu. Une écoute obsessionnelle de son corps amène l’hypocondriaque à interpréter la moindre observation comme le signe d’une maladie grave1
Définition diagnostique
Le DSM-IV classe ce trouble parmi les troubles somatoformes. Un trouble somatoforme est caractérisé par la présence de symptômes physiques qui ne peuvent s’expliquer complètement par une affection médicale générale ou par un autre trouble mental
A. Préoccupation centrée sur la crainte ou l’idée d’être atteint d’une maladie grave, fondée sur l’interprétation erronée par le sujet de symptômes physiques.
B. La préoccupation persiste malgré un bilan médical approprié et rassurant.
C. La croyance exposée dans le critère A ne revêt pas une intensité délirante (comme dans le trouble délirant, type somatique) et ne se limite pas à une préoccupation centrée sur l’apparence (comme dans le trouble: peur d’une dysmorphie corporelle).
D. La préoccupation est à l’origine d’une souffrance cliniquement significative ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
E. La durée de la perturbation est d’au moins 6 mois. F. La préoccupation n’est pas mieux expliquée par une anxiété généralisée, un trouble obsessionnel-compulsif, un trouble panique, un épisode dépressif majeur, une angoisse de séparation ou un autre trouble somatoforme.
Mise en place de l’hypochondrie
Le trouble peut débuter en fonction d’événements de vie traumatisants (deuil, séparation…), de l’observation de modèles anxieux familiaux ou sociaux (surprotection…), de stress chronique pendant l’enfance, de carences affectives… En fonction de ce qu’il a vécu, le sujet développe une incapacité à se sécuriser tout seul.
Comment cela se développe ?
Scénario anxieux :
Des symptômes, douleurs, sensation ou variations physiologiques entraînent la formation de croyances, pensées alarmistes concernant une maladie éventuelle. Comme dans tout mécanisme anxieux, l’attention devient sélective, le sujet est en alarme et les manifestations physiologiques de l’anxiété viennent s’ajouter aux premières sensations : le système nerveux central s’emballe (transpiration, palpitations, douleurs musculaires, douleur à la poitrine, étourdissement…). Ces manifestations peuvent mener à une attaque de panique, crise d’angoisse sans danger pour la santé physique ou mentale mais spectaculaire et inquiétante.
Hypervigilance sensorielle :
Hypervigilant , le sujet interprète comme nouveaux et dangereux des phénomènes normaux que jusque-là il n’avait pas remarqué : sensations corporelles, perception de soi, apparence… En portant son attention sur le phénomène naturel et normalement anodin, la personne amplifie la manifestation. Ainsi par exemple, si on pense qu’on a un souci respiratoire, on se focalise sur la respiration, on crée des tensions musculaires et… on respire mal, ce qui vient renforcer l’idée de départ.
Réassurance :
Les comportements de réassurance (médecin, auto- auscultation…), comme dans toute manifestation anxieuse apportent une illusion de contrôle à la personne souffrant d’hypochondrie : réassurance à court terme, mais augmentation de l’anxiété à moyen et long terme.
Croyances :
En dehors même des interprétations dysfonctionnelles des sensations physiques, le sujet met en place de nombreuses distorsions de l’information, autant celle venant du monde médical ou des médias que celle des proches. Ces distorsions viennent déformer la réalité : généralisations, scénarios catastrophes, déductions abusives… Tout est pensé, choisi, sélectionné en fonction de ce qui est appréhendé.
Jérôme Boutillier, auteur de En terminer avec l’hypochondrie et responsable de la formation Thérapie brève des troubles anxieux.